ATELIER DE GLATIGNY.

Vase en grès à décor de coulures et irisations beige, vert et marron nuancés. Monture en argent (925), à décor de trois chutes de fuchsias. La base cerclée d'argent, signée "L. GAILLARD". Sous le fond, un numéro "506". H. : 18 cm. Maître-Orfèvre : Lucien Gaillard (1861-1842). L'atelier de Glatigny s'est appliqué durant sa brève existence, de 1897 à 1902, à produire des céramiques de haute qualité à des prix accessibles qui sont venues s'inscrire comme des pièces maîtresses de l'Art Nouveau français. Son fondateur, Alfred Le Chatelier (1855-1929), s'est très tôt familiarisé avec la céramique alors qu'il grandissait au coeur du sixième arrondissement parisien, entouré des ateliers d'art des plus grands céramistes de l'époque comme Théodore Deck. Il débute une carrière militaire en 1873, alors âgé de 19 ans, et sera envoyé en Afrique dans les colonies françaises. Il y passera plusieurs années, partagées entre l'Algérie et le Congo, y étudiera l'Islam et rédigera plusieurs ouvrages jusqu'à son départ de l'armée en 1893. Poussé par des intérêts commerciaux et politique, il fonde la même année la Société d'études et d'exploitations du Congo français avec laquelle il développe le projet non achevé de voie ferroviaire pour relier les terres à la côte. De retour à Paris et après avoir épousé une femme passionnée par les arts, il crée en 1897 l'Atelier de Glatigny, au Chesnay à côté de Versailles. Les céramistes y font le choix de rester anonymes et leurs productions, en grès, en porcelaine ou encore en verre, vont permettre à Alfred Le Chatelier d'être reconnu comme l'un des «meilleures céramistes français de l'Art Nouveau». Tels sont les mots d'Henri Cazalis, connu sous le nom de «Jean Lahor», poète et critique français. La fabrique va en effet se démarquer en créant tout d'abord des céramiques en grès couleur sang-de-boeuf, des émaux tachetés ou des grès flammés, puis en produisant avec des orfèvres parisiens ou viennois des céramiques et porcelaines réhaussées de montures en métal, figurant divers motifs géométriques ou floraux. Notre vase est un parfait exemple de cette collaboration et sa précieuse monture porte la signature du maître orfèvre Lucien Gaillard (1863-1942). Malgré la courte existence de l'atelier, ses productions vont tout de même faire l'objet de plusieurs expositions. En 1898 par exemple, le Salon du Figaro organisé au 26, rue Drouot présentera plusieurs céramiques de Glatigny, suivi de près par le Salon de la Libre Esthétique à Bruxelles. C'est à cette époque que les vases de Glatigny vont s'inscrire dans le marché de l'art. Collectionnés par le galeriste Siegfried Bing, ils vont être vivement convoités et intégreront en 1898 les collections du musée des Arts Décoratifs. Cela va pousser Alfred Le Chatelier à ouvrir à Paris en 1899 sa galerie, pour présenter à son nouveau public les productions de l'atelier. Il fera appel au peintre et affichiste Maurice Biais pour la conception de la façade. L'année suivante, les pièces seront aussi présentées par la Société moderne des Beaux-arts, aux côtés de grands artistes et céramistes de l'époque. Enfin, c'est grâce à l'Exposition Universelle de cette année 1900, que les productions de l'atelier entreront dans les collections de musées européens tels que le Kunst Undustri Museet de Copenhague, le Museum für Kunst und Gewerbe de Hambourg et le musée des Arts appliqués de Budapest. Deux ans plus tard, en 1902, pour des raisons économiques mais aussi suite à sa nomination à la chaire de sociologie musulmane du Collège de France, Alfred Le Chatelier fermera définitivement les Ateliers de Glatigny. Il occupera cette position jusqu'en 1925 et continuera son travail d'écriture sur l'Islam et l'Afrique. Lucien Gaillard (1863-1942) : Issu d'une famille d'orfèvres, Lucien Gaillard fût profondément marqué et stimulé par l'oeuvre de René Lalique. Son style est fortement marqué par le japonisme.